Le Samu social,
«un mEtier qu’on fait
si on aime la sociEte»
René Giancarli est directeur du Samu Social de Marseille. Son équipe est composée de plusieurs dizaines des fonctionnaires municipaux. II évoque son travail mené au quotidien aux côtés des plus défavorisés dans les rues de Marseille…
Marseille le Mag’ : Le Samu Social est il municipal à Marseille ?
René Giancarli : Oui. C’est le seul Samu 100% municipal, en place depuis une douzaine d’années. On peaufine d’année en année. Le Samu social fonctionne de 7h à 1h du matin. Nous avons 12 véhicules qui tournent en permanence sur la voie publique. 77 employés municipaux travaillent ici. Ils sont autonomes, prennent des initiatives… Ils viennent de différents services municipaux et sont tous volontaires pour faire ce travail. Ils l’ont choisi. D’ailleurs, c’est un métier difficile, qu’on fait d’abord si on aime un peu la société !
Marseille le Mag’ : Quelle est la mission du Samu social ?
René Giancarli : Il s’agit, pour nous, de récupérer les SDF de les convaincre de venir dans les centres d’hébergement. On les soustrait à la rue afin de leur permettre de reprendre contact avec la vie, d’établir des dossiers en vue du RSA, de voir leurs besoins… Ils peuvent, dans ces centres, prendre des douches, avoir des repas, dormir… Jamais on ne les force à venir. Parfois, on rencontre des cas désespérés et on parle avec eux. Nous faisons des maraudes, surtout sur le centre ville élargi, entre le Pharo, Puget, Castellane, la Conception et la Joliette. Nous distribuons du café, des vêtements. Pas de nourriture, sinon, le centre d’hébergement deviendrait la maison des personnes aidées !
Nous travaillons auprès d’une population plurielle, composée d’une soixantaine d’ethnies différentes.
Marseille le Mag’ : Y a-t-il Plusieurs centres d’hébergement ?
René Giancarli : Il y a deux gros centres qui regroupent 700 places, à la Madrague Ville et à Saint-Jean-de-Dieu. Nous avons aussi les centres Jeanne Panier qui accueillent les femmes, La Selonne, pour les travailleurs et la Roseraie pour les jeunes. Il y a aussi l’Armée du Salut. Pour le jour, deux centres sont en activité, à Consolat et Marceau. Nous avons un potentiel de 2000 places -980 places d’urgence. Sur Marseille, nous logeons 600 personnes en urgence. Pendant les périodes froides, ce chiffre monte à 800. De plus, en cas de problème sanitaire, d’épidémie, nous disposons d’une école aménagée, avec lits de camps, sanitaires …
Nous travaillons en collaboration avec d’autres organismes, et nous avons des conventions avec des associations. Nous travaillons aussi avec la police, qui nous appelle lorsque quelqu’un est trouvé dans la rue, et le centre départemental de cohésion sociale, le préfet Le Méhauté. Nous avons également une convention avec les SNCF qui nous contacte lorsque des SDF s’installent dans la gare Saint-Charles. Nous y faisons des maraudes jour et nuit.
Marseille le Mag’ : La mendicité est désormais interdite à Marseille…
René Giancarli : C’est la mendicité violente qui est hors la loi. Cela ne nous étonne pas : dans la précarité il y a parfois de la violence. Il y a eu des coups de couteau à l’unité d’hébergement d’urgence de Saint-Jean de Dieu, à la suite d’un conflit. Ceux qui font la manche dans les carrefours donnent parfois des coups de pied dans les voitures des gens qui refusent de leur donner. Nous même avons reçu des pierres sur notre voiture…
Marseille le Mag’ : Quels sont vos rapports avec le reste de la société ?
René Giancarli : Nous recevons régulièrement des stagiaires venus de lycées professionnels, écoles d’infirmières ou de l’étranger ; Ils tournent avec nos maraudes, s’informent sur le travail… En 2009, le Samu Social de Marseille faisait partie des sujets du Bac Pro de Montpellier… Par ailleurs, pour nos collectes de vêtements, nous sollicitons les marseillais, à travers Allo Mairie, on leur demande de nous appeler. On crée des réseaux avec les Marseillais. Et ça marche : on a 40 tonnes de vêtements en ce moment !
Propos recueillis par Julien David
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