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Lévon Minassian, la voix du peuple !
Par Manon Quenehen


Né à Marseille, Lévon Minassian est bercé toute son enfance par les traditions arméniennes de ses ainés. Il commence d’ailleurs très tôt à jouer de la mandoline dans un groupe folklorique. Mais c’est avec un instrument bien plus original qu’il révèle l‘artiste qui vit en lui. C’est à l'âge de 15 ans, qu’il va apprendre à jouer du doudouk, l’instrument aujourd’hui devenu mythique et magique de la scène du monde, ramené d'Arménie par ses parents.

Pouvez-vous nous décrire le doudouk, instrument peu connu du grand public ?

Le Doudouk est l’emblème identitaire de la musique arménienne. Vieux de 3000 ans et Il est tourné dans une pièce en bois d’abricotier et appartient à la famille des hautbois. Percé de neuf trous, il possède une hanche double, longue et large, en roseau, qui s’emboite dans une des extrémités de l’instrument. Elle est enserrée d’une bague qui, en modifiant son ouverture, permet de l’accorder. Sa taille varie de 25 à 45 centimètres.

Comment vous est venu cet amour du doudouk ? Comment maitrise-t-on un instrument comme celui-ci ?

Mes parents ont ramené un doudouk d’Arménie quand j’étais jeune. Ce moment a changé ma vie. J’avais quinze ans. Pendant mon adolescent, accompagné de ma famille, j’ai suivi les artistes arméniens dans leurs tournées en France. Il m’est même arrivé de les poursuivre jusque dans leurs hôtels pour grappiller quelques informations. Puis, à la fin des années 70, je me suis rendu plusieurs fois en Arménie dans le but de travailler le doudouk avec les maîtres, notamment auprès de Djivan Gasparian et de Valodia Haroutiounian. Pénétrer le milieu de ces artistes n'était pas chose facile, les joueurs de doudouk maintiennent dans le secret cette tradition ancestrale qui ne se transmet qu'entre initiés et avec parcimonie. C’est alors avec beaucoup d'abnégation et de patience, et par amour pour cet instrument que j’ai cherché par mes propres moyens à en maîtriser toutes les subtilités.

Vous êtes aujourd’hui l’un des plus talentueux joueurs de Doudouk du monde, comment expliquez-vous ce succès ?

Tout d’abord je me suis entraîné sans cesse depuis que j’ai eu cet instrument entre les mains. Pas une journée ne passe sans le travailler. J’ai été sollicité, en 1985, par le compositeur Georges Garvarentz, pour la musique du film « Les mémoires tatouées ». Cette collaboration pour le cinéma a été le début de beaucoup d’autres, dont les bandes originales de « Mayrig » et « 588 rue Paradis » de Henri Verneuil, « L'Odyssée de l'Espèce » de Yvan Cassar, « Amen » de Costa Gavras, « La passion du Christ » de Mel Gibson, « L’enfant endormi » de Yasmine Kassari, « La terre vue du ciel » et « Home » de Yann Arthus-Bertrand, « Va, vis et deviens » de Radu Mihaileanu, « La jeune fille et les loups » de Gilles Legrand, « Comme les 5 doigts de la main » et « Ce que le jour doit à la nuit », de Alexandre Arcady, « La source des femmes » de Radu Mihaileanu, « Inch'Allah » de Anaïs Barbeau-Lavalette.

Votre carrière a pris un tournant en 1982, pouvez-vous nous en dire plus ?

En effet, j’ai eu l’honneur d’être sollicité par Peter Gabriel pour participer à son album Us puis pour ouvrir en solo les concerts de sa tournée mondiale Secret world live tour. Cela m’a ouvert de nombreuses portes avec des grands noms de la variété comme Charles Aznavour, Patrick Fiori, Hélène Segara, Christophe Maé, Daniel Lavoie, ainsi que des personnalités de la world music tel que Sting, I Muvrini, Simon Emerson, Manu Katché.

Et ensuite ? Comment a évolué votre carrière ?

Parallèlement, j’ai entrepris un travail plus personnel avec le compositeur de danses et musiques de film Armand Amar. C’est avec lui que j’ai gravé mon premier album en 1998, « Lévon Minassian and Friends », conçu à partir de thèmes et mélodies traditionnelles dans lesquels le doudouk dynamise son langage à la rencontre d’autres instruments du monde, du violon indien à l’oud. En 2005, j’ai sorti mon deuxième opus, « Songs from a world apart ». S’en sont suivi deux autres albums, « Sources » et « La voix d'un peuple ».

Vous êtes un des rares musiciens à avoir joué à l’Elysée ? Pouvez-vous raconter cette expérience ?

Monsieur Jacques Chirac, à l’époque maire de Paris, m’avait appelé pour représenter l’Arménie. Il a continué à me faire confiance en tant que Président de la République. J’ai alors eu le grand honneur de jouer deux fois à l’Elysée. Une fois pendant la présidence de monsieur Chirac et une seconde fois sous la présidence de François Hollande. C’est un grand honneur et un privilège.

Décoré par le Président Chirac, chevalier de l’ordre des arts et des lettres et par le trophée des maitres en Arménie, Levon Minassian a contribué à ce que le doudouk s'inscrive dans les valeurs culturelles universelles, mêlant aux autres instruments du monde ses influences arméniennes à la fois si gaies si triste. La musique que nous livre Lévon Minassian N'appartiennent plus à ce qu'on appelle le folklore, Musée des âmes mortes est ressuscitées, ni un espace géographique délimité qu'on appelle un pays, mais à cette sphère hors du temps et de la durée, ou l'âme a besoin de se prolonger pour découvrir qu'elle en a encore une.

A noter que Lévon Minassian sera en concert le samedi 3 juin à 20h au centre de congrès AGORA à Aubagne, accompagné de Juan Carmona et André Manoukian.




 


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